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What biological markers could be used for diagnosis and monitoring of nitrous oxide abuse?

Nous avons lu avec attention l’article publié dans le European Journal of Neurology intitulé « How to distinguish Guillain- Barré syndrome from nitrous oxide-induced neuropathy : a 2-year, multicenter, retro-spective study » (Comment distinguer le syndrome de Guillain-Barré de la neuropathie induite par le protoxyde d’azote : une étude rétrospective de 2 ans, multicentrique). Notre objectif est de proposer des suggestions concernant l’utilisation de la vitamine B12 comme biomarqueur de l’intoxication au protoxyde d’azote (N2O) :

  • La présentation clinique varie en cas d’intoxication au N2O
  • La physiopathologie de l’exposition au N2O démontre que la vitamine B12 n’est pas un biomarqueur approprié.
  • L’homocystéine plasmatique est un marqueur de la consommation récente de N2O
  • Le MMA plasmatique est un marqueur de la sévérité clinique de l’abus de N2O.
  • Dans le contexte de la consommation de N2O, une combinaison de biomarqueurs est recommandée.

Titre : Intoxication au protoxyde d’azote : conséquences cliniques, pharmacologie, pharmacocinétique, toxicité et impact sur le métabolisme.

Résumé : L’usage récréatif du protoxyde d’azote (N2O), également appelé gaz hilarant, a considérablement augmenté ces dernières années. En 2022, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) l’a reconnu comme l’une des substances psychoactives les plus utilisées en Europe. L’exposition chronique au protoxyde d’azote peut entraîner diverses manifestations cliniques. Les symptômes les plus fréquents sont neurologiques (troubles sensitifs ou moteurs). Des manifestations psychiatriques ou des troubles cardiovasculaires (thromboses) peuvent également survenir. Le N2O affecte également divers systèmes de neurotransmetteurs, ce qui lui confère des propriétés anesthésiques, analgésiques, anxiolytiques et antidépressives. Le N2O est très difficile à mesurer dans les matrices biologiques. Ainsi, en cas d’intoxication au N2O, des biomarqueurs indirects tels que la vitamine B12, l’homocystéine plasmatique et la MMA plasmatique doivent être explorés pour le diagnostic et le suivi. D’autres marqueurs, comme les marqueurs du stress oxydant, pourraient être prometteurs, mais doivent être étudiés de manière plus approfondie.

Awareness of health care related to nitrous oxide abuse for diagnosis, treatment and follow up – 2023

Titre : Sensibilisation au parcours de soin lié à l’intoxication au protoxyde d’azote pour le diagnostic, le traitement et le suivi des patients

Nous avons lu attentivement la revue de cas de McCormick et al. sur l’intoxication au protoxyde d’azote (N2O), publiée dans le récent numéro de l’Irish Journal of Medical Science et intitulée et intitulée : « Myéloneuropathie induite par le protoxyde d’azote : un nouveau problème de santé publique ». La série de cas et la discussion
intéressante, mais nous aimerions ajouter des suggestions et des
et des commentaires sur la physiopathologie du protoxyde d’azote,
la prise en charge clinique et biologique :

  • L’impact métabolique du N2O est complexe
    et reste mal compris
  • Les conséquences neurologiques sont diverses
  • La supplémentation vitaminique doit être utilisée
    avec prudence
  • Le suivi des patients doit être basé sur des
    sur des analyses biologiques

Plasma Methionine and Clinical Severity in Nitrous Oxide Consumption – 2022

Titre : Méthionine plasmatique et gravité clinique de l’intoxication au protoxyde d’azote

Depuis quelques années, on observe une augmentation de l’utilisation récréative du protoxyde d’azote (N2O), qui peut entraîner des symptômes neurologiques tels que des troubles sensoriels ou moteurs. La littérature relie ces symptômes à une inactivation fonctionnelle de la vitamine B12 par oxydation de son ion cobalt, ce qui empêche la vitamine B12 d’agir comme cofacteur de la méthionine synthase. Ainsi, la démyélinisation liée à la carence en méthionine pourrait être responsable des troubles neurologiques associés à la consommation de N2O, dont la sclérose combinée de la moelle épinière. Nous avons cherché à étudier la corrélation entre les taux plasmatiques de méthionine et la sévérité clinique observée chez les utilisateurs de N2O. Nous avons recueilli rétrospectivement les données cliniques et biologiques de 93 patients ayant consommé du N2O de façon chronique. Les patients ont été répartis en quatre groupes en fonction de la sévérité de leurs symptômes cliniques (basés sur leur score Peripheral Neuropathy Disability (PND)). Le dosage des acides aminés plasmatiques, dont la méthionine, a été réalisé systématiquement par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse. La méthionine plasmatique est significativement corrélée à la sévérité clinique (coefficient de Spearman : -0.42 ; p-value < 10-5), cependant, le taux moyen de méthionine dans les quatre groupes reste dans les valeurs physiologiques (N : 16-23 µmol/L). Il existe une corrélation inverse significative entre la méthionine et l’homocystéine plasmatiques (coefficient de Spearman : -0,57 ; p-value < 10-9), ce qui confirme l’action du protoxyde d’azote sur la méthionine synthase. Une diminution de la méthionine plasmatique ne peut être imputée comme seul mécanisme impliqué dans la physiopathologie des troubles neurologiques dans la consommation de protoxyde d’azote. De plus, il existe peu d’indications thérapeutiques pour l’utilisation de la méthionine. Il convient donc d’être prudent quant à l’utilisation potentielle de la méthionine dans la consommation de protoxyde d’azote. En conséquence, d’autres mécanismes physiopathologiques doivent probablement être identifiés afin de trouver des cibles thérapeutiques potentielles.

Marqueurs biologiques et impact métabolique de la consommation chronique de protoxyde d’azote – 2022

Le protoxyde d’azote (N2O), appelé « gaz hilarant » ou encore « proto », est initialement utilisé dans le domaine médical pour son action analgésiante et dans l’industrie comme gaz propulseur ou comburant. Son usage a cependant été détourné à des fins récréatives via son inhalation sous la forme de cartouches ou de bonbonnes. On observe, depuis 2018, une augmentation de cet usage, notamment chez les
18-25 ans (rapport ANSES 2019). Les régions Hauts-de-France et Île-de-France sont les plus touchées. Alors que cette consommation était plutôt observée dans les milieux festifs, aujourd’hui sont rapportés de nombreux cas d’utilisations répétées voire quotidiennes, chez certains jeunes au long cours et en grandes quantités. Malgré un changement
de législation en 2021 interdisant la vente aux mineurs, la consommation chez les jeunes ne semblent pas diminuer à cause de la facilité d’accès par la vente en ligne et également le développement de filière de revente sur les réseaux sociaux. En effet, ce gaz est en vente libre notamment sur Internet (amazon.fr ou encore https://partygas24.nl), il est
« discret » (pas d’odeur, ni d’effets physiques caractéristiques), son action est rapide et les usagers estiment ses effets bénins. Pourtant, il existe une toxicité réelle liée à l’usage chronique du N2O entraînant des troubles neurologiques dont la sclérose combinée de la moelle [3]. On observe ainsi fréquemment des patients présentant des troubles de la marche ou encore des paresthésies, d’évolution plus ou moins
résolutive pouvant aller jusqu’à un handicap moteur invalidant. Certains rapports ont également décrit l’apparition de troubles psychiques lié à une consommation de N2O. Les dosages du N2O sérique ou urinaire ne sont pas réalisés en routine, car ils ne permettent pas de s’assurer d’une réelle exposition de par la demi-vie très courte de ce gaz dans
l’organisme. Devant l’augmentation des hospitalisations pour troubles liées à la consommation chronique de N2O, il est nécessaire de s’orienter vers d’autres marqueurs biologiques et en particulier certains marqueurs métaboliques.

Intoxication au protoxyde d’azote : des consommations en augmentation aux conséquences lourdes – 2022

Le protoxyde d’azote (N2O), également connu sous le nom de « gaz hilarant » ou « proto », est un gaz utilisé dans le milieu médical à visée thérapeutique, en mélange équimolaire avec de l’oxygène notamment, pour ses propriétés analgésiantes, ainsi que dans l’industrie comme gaz propulseur ou comburant. Cependant, il existe un usage détourné
du N2O à visée récréative via son inhalation à partir de capsules à usage culinaire ou de bonbonnes. Initialement, cet usage détourné était essentiellement observé dans certains milieux festifs, avec une consommation qui restait occasionnelle. Néanmoins, depuis
quelques années, on observe une diffusion de sa consommation en population générale avec une augmentation des cas de consommation chronique et la notion de prise répétée voire quotidienne et prolongée. En effet, l’utilisation désormais préférentielle des bonbonnes par rapport aux capsules augmente considérablement la quantité consommée. De plus, ces conditionnements contiennent un gaz pur pouvant entraîner une toxicité plus sévère et rapide. L’utilisation récréative du N2O concerne surtout les jeunes de 18 à 25 ans, avec un âge médian de 21 ans chez les consommateurs. Les régions les plus touchées sont les Hauts-de-France ainsi que l’Île-de-France. Devant l’augmentation
de l’incidence des troubles liés à la consommation de N2O, un changement de législation en 2021 a promulgué l’interdiction de la cession et la vente aux mineurs de N2O, mais cela n’a pas semblé avoir d’impact majeur sur la consommation. En effet, ce gaz reste facile d’accès car il est en vente libre sur internet et des filières de revente
se sont développées notamment sur les réseaux sociaux et l’impact sur la santé reste très peu connu du grand public et des consommateurs.

L’acide méthylmalonique : un marqueur spécifique de l’intoxication au protoxyde d’azote ? – 2022

Nous avons lu avec attention la revue de la littérature rédigée par Caré et al. sur la toxicité du protoxyde d’azote, parue dans le dernier numéro de La Revue de Médecine Interne et nous saluons l’exhaustivité de cet article. Cependant, d’un point de vue de biochimistes métaboliciens, nous souhaitons émettre une suggestion concernant l’usage de l’acide méthylmalonique (AMM), qualifié de biomarqueur spécifique de l’intoxication au protoxyde d’azote par les auteurs. En effet, de nombreux éléments de la littérature remettent en cause la spécificité de ce marqueur dans l’intoxication au protoxyde d’azote ; son utilisation dans ce contexte doit donc rester prudente.

1. L’augmentation de la concentration de l’AMM plasmatique n’est pas spécifique de l’intoxication au protoxyde d’azote

2. L’absence d’augmentation de la concentration d’AMM plasmatique ne permet pas d’exclure une intoxication au protoxyde d’azote

3. L’impact métabolique du protoxyde d’azote sur l’AMM n’a pas été démontré.

Comparison of biomarker for diagnosis of nitrous oxide abuse: challenge of cobalamin metabolic parameters, a retrospective study – 2023

Titre : Comparaison des biomarqueurs pour le diagnostic de l’intoxication au protoxyde d’azote : étude rétrospective des marqueurs de la vitamine B12

Contexte : L’utilisation récréative du protoxyde d’azote (N2O) entraîne des troubles neurologiques, notamment une dégénérescence subaiguë combinée de la moelle épinière, des troubles psychologiques et des thromboses. Les dosages de N2O dans le sérum ou l’urine n’ont pas pu être réalisés en routine. Il est donc nécessaire d’étudier d’autres marqueurs biologiques tels que les marqueurs métaboliques. Nous avons cherché ici à remettre en question les trois principaux marqueurs biologiques utilisés pour le diagnostic de l’abus de protoxyde d’azote, à savoir la vitamine B12 totale, l’homocystéine et l’acide méthylmalonique.

Méthodes : Nous avons recueilli rétrospectivement les données cliniques et biologiques de 52 patients présentant un abus chronique de N2O connu et documenté et des signes cliniques associés (score d’invalidité de la neuropathie périphérique ou événement de thrombose). Des analyses de sérum et de plasma (vitamine B12 totale, acide méthylmalonique (MMA) et homocystéine) ont été effectuées pour identifier le marqueur le plus spécifique de l’intoxication chronique au N2O et les résultats cliniques associés.

Résultats : L’homocystéine plasmatique a presque systématiquement augmenté en cas de consommation chronique de N2O, tandis que l’augmentation de la MMA et la diminution de la vitamine B12 totale n’ont pas été systématiquement constatées. Nos résultats ont montré qu’aucun des marqueurs n’est corrélé avec les niveaux de consommation de N2O. Cependant, l’homocystéine et la MMA sont corrélées à la gravité clinique, mais la MMA semble être un meilleur marqueur de la gravité clinique.

Conclusion : Il n’y a pas de marqueur spécifique de l’abus de protoxyde d’azote en fonction des niveaux de consommation, la diminution totale de la vitamine B12 n’a pu être utilisée ni comme marqueur de consommation ni comme marqueur de sévérité. Cependant, nous avons montré que l’homocystéine est systématiquement augmentée et pourrait être utilisée comme marqueur d’une consommation récente de N2O. D’autre part, nous avons montré que la MMA pouvait être utilisée comme marqueur de gravité clinique.

Very High Plasma Homocysteine without Malnutrition of Inherited Disorder – 2020

Un homme de 18 ans sans antécédents médicaux s’est présenté
pour des douleurs survenant à la marche. Il présentait une polyneuropathie axonale sensorimotrice sévère, confirmée par électromyographie. polyneuropathie axonale sensorimotrice sévère, confirmée par électromyographie. Les analyses toxicologiques urinaires se sont révélées négatives. L’analyse du plasma a révélé une hyperhomocystéinémie à 120 µmol/L évaluée par une méthode de spectrométrie de masse. Les résultats de laboratoire montrent l’absence de carence en folates et en vitamine B12 et aucun signe de malnutrition ou d’anémie mégaloblastique.